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EXTRAIT
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DESIGN ENTREPRENEUR
Dans un article, le critique Steven Heller oppose le designer auteur au designer entrepreneur. Alors que le premier épanouit un univers plastique et intellectuel au travers de commandes dont il ne peut se passer (et dont il demeure dépendant financièrement), le second génère lui-même la demande par sa démarche d’auto-production. La dématérialisation du numérique et la vente en ligne ont en effet permis aux designers de contrôler et de maîtriser plusieurs étapes: la conception, la production et la diffusion. Même si, à grande échelle, ces trois phases demandent des compétences variées et complémentaires; on peut supposer qu’à petite échelle (ou pour des marchés très particuliers et confidentiels), les outils conceptuels du design sont appropriés à ce type de démarche. On différenciera cependant l’auto-promotion (fabriquer des goodies) de l’auto-production (qui nécessite de devenir éditeur).
Les designers de produits ont depuis longtemps cette double opportunité de répondre à un cahier des charges rigoureux (demande industrielle, fabrication en très grandes séries) ou de concevoir en toute liberté (à destination de l’édition en série limitée). Les designers graphiques, eux, ne sont pas encore formés à cette autonomie économique, qui nécessiterait une sensibilisation au marketing et à la stratégie dans les cursus d’écoles d’art et de design. Cruelle inégalité culturelle: si on perçoit une nette frilosité en France, les États-Unis ont intégré cette démarche depuis une vingtaine d’années.
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UN TEXTE DE SANDRA CHAMARET, PUBLIE DANS APRES\AVANT #2,
AVRIL 2014, LES RENCONTRES DE LURE
+ L’ARTICLE COMPLET : ApresAvant#2-p56-58